Suite à une loi sur la
nationalité appelée « loi Medina » et à la mise
en application d’un plan de régularisation des
dominicains qualifiés d’étrangers par les
dirigeants de la République dominicaine,
certaines personnalités de la Communauté
internationale dont le Secrétaire général de
l'Organisation des États américains José Miguel
Insulza ont applaudi le président Médina. Ainsi,
à la quarante-quatrième (44e) session ordinaire
de l'Assemblée générale de l'OEA qui s’est tenue
à Asunción, au Paraguay du 3 au 5 juin 2014 et
en présence même du Ministre haïtien des
Affaires étrangères, Duly Brutus, Insulza
déclara sur la situation en République
Dominicaine : « je tiens à souligner les efforts
déployés par le président Danilo Médina à
rechercher des solutions aux difficultés
découlant de la sentence de la Cour
constitutionnelle ».
Il ajouta « qu'il est
essentiel que la loi Medina votée par le
parlement ouvre la voie à toutes les parties
concernées à trouver une place digne dans la
société dominicaine ».
L’ambassadeur Duly Brutus, Représentant
Permanent d’Haïti près de l’OEA, en bon
laquais, opportuniste patenté, n’a pipé mot à ce
sujet car ce n’était pas là la raison de sa
présence. Il s’est seulement contenté de
remercier
l'Organisation des Etats Américains pour son
appui au dialogue inter haïtien et à la mise en
œuvre de l'Accord d'El Rancho. En bon indigène
de service, il rendit hommage à Monsieur José
Miguel Inzulza, le Secrétaire général, et à
l'Ambassadeur Albert RAMDIN, Secrétaire
général-adjoint de l’OEA, pour la qualité de
leur travail à la tête de l'Organisation
hémisphérique.
Pour sa part, le mercredi 11 juin, le soi-disant
président haïtien Michel Joseph Martelly, en
visite à Punta Cana, en République Dominicaine,
a donné ses premières opinions sur la loi Médina
en indiquant que ce dernier « a toujours promis
de prendre les meilleures mesures pour protéger
les personnes touchées par l’arrêt 168/13 ».
Martelly désigne les dominicains d’origine
haïtienne en difficulté dans l’île voisine par
le vocable très vague de «personnes», il les «dédominicanise»,
car pour Médina tout comme pour lui, ce ne sont
pas des dominicains.
Martelly se positionne
clairement contre les milliers de dominicains,
descendants d’haïtiens. Quand à une des
questions de la presse dominicaine, il a pris
soin de ne pas les blesser, comme il a
l’habitude d’injurier les journalistes haïtiens.
Politicien véreux, il respecte et reste soumis à
tout ce qui vient de l’étranger. C’est la
mentalité du colonisé par rapport à la
Métropole. Pour toute réponse au sujet de la loi
Médina, il envoya des fleurs de félicitations
au président dominicain pour le soi-disant
respect de sa parole, en fait, pour sa nouvelle
loi contre les dominicains d’origine haïtienne,
en ces termes : « J'adresse une salutation
spéciale de solidarité, de fraternité et de
cordialité au président Danilo Médina et que le
président Médina est un homme qui respecte sa
parole, et que la situation que nous avons vécue
pourrait être pire, mais le président est
intervenu comme il avait promis pour aider à
résoudre les problèmes ».
A ce stade, la question à poser à Martelly est
celle-ci : Quels sont les problèmes résolus par
la loi Médina qui n’a fait qu’empirer le cas de
ses compatriotes dominicains descendants
d’haïtiens ? Si la loi Médina a résolu quelque
chose, c’est dans l’intérêt de la classe
dominante dominicaine et non pas pour ces
milliers d’hommes, de femmes et d’enfants
qu’elle jette dans la rue comme des apatrides.
Martelly essaie de minimiser l’acte criminel des
dirigeants dominicains, allant jusqu’à tourner
en dérision les victimes comme quoi c’est une
affaire haitiano-dominicaine, à résoudre
ensemble : « Nous sommes frères et sœurs, les
deux ailes d'un même oiseau. On peut avoir des
problèmes de temps en temps ; mais, en raison du
fait que nous sommes destinés à vivre ensemble,
il est important de les résoudre ensemble », tout
en prenant soin d’ajouter hypocritement: « Nous
sommes loin de résoudre tous les problèmes ;
mais comme nous avons beaucoup de foi dans les
projets que nous réalisons en Haïti, avec ce
processus, nous avons aussi de l’espoir. Je ne
dirais pas que le problème est résolu, mais je
pense que, par la recherche d'un procédé pour
maintenir le calme, la sérénité et avec plein
d'espoir, nous pouvons trouver la formule pour
que tout soit définitivement résolu». Paroles
d’un fieffé coquin.
En réalité, nous avons compris
la position de Martelly, c’est alors que nous
avons compris les raisons des pots de vin qu’il
avait reçus de la part des dirigeants
dominicains au cours de sa campagne électorale
à travers des transactions effectuées par les
entreprises du sénateur dominicain, Félix
Bautista, proche du parti de Fernandez et de
Médina. On se rappellera, selon les documents de
la journaliste Nuria Piera, que Martelly aurait
reçu 800 mille dollars américains en espèces en
plusieurs versements en mars et avril 2011, 100
mille le 3 novembre 2011 et 150 milles le 5
novembre, tandis qu’il était déjà président
selon un relevé de compte del Banco Popular, de
la République dominicaine. Alors, à quoi
devrions-nous nous attendre de lui dans ce
dossier ?
Heureusement, il y a d’autres hommes, d’autres
dirigeants honnêtes, moraux. Même quand ils ne
sont ni dominicains, ni haïtiens, la sagesse
progressiste et révolutionnaire les oblige
toutefois à prendre position aux côtés des
victimes d’une certaine classe. Ainsi, le jeudi
3 juillet dernier, à la 35ème réunion ordinaire
de la conférence des chefs État de la Caricom
qui s’était tenue à St John's Antigua et
Barbuda, en présence de Martelly, le Premier
ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines,
Ralph Gonsalvez, un homme de courage, qui n’a
jamais manqué de prendre position pour les
causes nobles, est venu une fois de plus
apporter son soutien moral aux victimes de
l’arrêt raciste de la Cour constitutionnelle de
la République dominicaine.
Voici un extrait de l’Allocution
de l’honorable Dr Ralph E. Gonsalves Premier
ministre de Saint-Vincent-et-les-Grenadines,
lors de la cérémonie d'ouverture de la
trente-cinquième réunion ordinaire de la
Conférence des chefs de gouvernement de la
Communauté des Caraïbes Saint-Jean,
Antigua-et-Barbuda (CARICOM) :
« Monsieur le Président,
chers collègues, Mesdames et Messieurs, un enjeu
vital touchant et concernant les droits de
l'homme dans notre région, doit être porté sur
le devant de la scène des préoccupations de la
CARICOM ; il se rapporte au déni inacceptable
de citoyenneté à des personnes d'origine
haïtienne nées en République dominicaine. Les
faits de base qui ont suscité l'indignation
justifiée internationale et régionale sur cette
question sont bien connus et il n’est pas besoin
d'y revenir ici. À la fin de 2013, le Bureau de
la CARICOM avait pris une position forte pour
exiger une correction appropriée du gouvernement
de la République dominicaine et avait énoncé la
position que les affaires ne continueraient pas
comme d’habitude [no-business-as-usual] dans
les relations entre la CARICOM et la République
dominicaine. La position du Bureau a été
réaffirmée, dans l’intervalle des sessions, lors
de la réunion de la Conférence des chefs de la
CARICOM à Saint-Vincent-et-les Grenadines en
mars 2014.
Depuis lors, la loi de réforme tant attendue
sur la "nationalisation" a été adoptée par les
autorités compétentes de la République
dominicaine. Cette loi a été condamnée à juste
titre aux niveaux régional et mondial comme un
écran de fumée peu habile, une escroquerie pour
qu’on ne se méfie qu'une véritable réforme ait
eu lieu. En réalité, cette loi dite de réforme
ne couvre qu'une infime proportion de ces
personnes d'origine haïtienne, celles qui ont
été jusque-là arbitrairement dénationalisées. "
J'exhorte
mes collègues à ne pas vaciller sur cette
question et à rester fermes là-dessus. On aurait
tort de céder à ce tour de passe-passe indigne
des autorités de la République dominicaine. Les
personnes d'origine haïtienne, nées en
République dominicaine, auxquelles les droits
humains ont été refusés ou abrogés, méritent un
soutien continu de la CARICOM . Une fois de
plus, ce ne peut être «les affaires comme
d’habitude» avec la République dominicaine ".
Pourtant, au sommet plus haut
mentionné, Martelly n’a rien dit à ce sujet car
pour lui, c’est une affaire conclue, puisque son
gouvernement se prépare déjà à exploiter le sort
des victimes pour faire de l’argent. Le
gouvernement de Martelly-Lamothe s’arrange pour
appliquer les règlements du Plan National de
Régulation des Etrangers (PNRE) consistant à
fournir un certificat de naissance, passeport et
carte d'identité à ses citoyens résidant en
République Dominicaine, au coût de 2,500 pesos
(US$ 58) par personne adulte et
150 pesos pour chaque enfant.
Cette déclaration de Ralph Gonsalves à la face
même de Martelly nous montre combien les
dirigeants haïtiens actuels ne sont que des
serviteurs zélés, des mercenaires serviles au
service des gouvernements étrangers. Nous ne
devrons pas tolérer qu’un tel homme continue à
diriger le pays pour satisfaire les intérêts des
autres. C’est avec un tel homme que certains
partis politiques veulent s’arranger pour
organiser des élections libres, honnêtes,
crédibles et démocratiques.
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